СОЧИНЕНІЯ, ПИСЬМА И ИЗБРАННЫЕ ПЕРЕВОДЫ
КНЯЗЯ АНТІОХА ДМИТРІЕВИЧА КАНТЕМИРА.
СО СТАТЬЕЮ О КАНТЕМИР И СЪ ПРИМЧАНІЯМИ
В. Я. Стоюнина,
(редакція изд. П. А. Ефремова).
II. СОЧИНЕНІЯ И ПЕРЕВОДЫ ВЪ ПРОЗ, ПОЛИТИЧЕСКІЯ ДЕПЕШИ И ПИСЬМА.
С.-ПЕТЕРБУРГЪ.
ИЗДАНІЕ ИВАНА ИЛЬИЧА ГЛАЗУНОВА.
1868.
ПИСЬМА КЪ КН. А. Д. КАНТЕМИРУ.
Il у а cependant un article de votre lettre qui me fait de la peine, les circonstances presentes de notre Academie ne me permettent pas d’y engager le savant franais, que vous me recomandez, mais comme dans le collè,ge de l’admiraut on a tabli une espè,ce d’Academie pour apprendre aux jeunes gens destins la marine l’art de la navigation et que l’on y enseigne pour cet effet les principes des mathmatiques je pense Monsieur que si le mathmaticien franais trouve un tel emploi sa bien-sance il pourrait s’adresser M-eur le comte de Соіоліііпе et qu’un mot de recomandation de votre part lui serait d’un grand secours en cette occasion.
II. Отъ Левенвольда, изъ Петербурга.
Je vous suis infiniment oblig, mon prince, de la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’ecrire du 19-me pass. Elle m’est prcisment parvenue avec le dessein de la Cuvette y joint, qui m’acharme. En effet cette piece doit tre une des plus magnifiques et des plus rares en ce genre l v son invention nullement commune. Je ne doute point qu’elle ne soit heureusement excut puisque l’on fait montrer la faon de deux tiers plus haut, que ne vaut le mtal mme ce qui pourtant est assez extraordinaire de si grosses piè,ces. Jai eu l’honneur d’en prsenter trè,s humblement le dessein Sa Majeste, notre trè,s gracieuse souveraine. Elle Га jug d’un got choisi, mais Sa Majest n’a pas trouv propos d’en ordonner l’achat, c’est pourquoi Monsieur je vous renvoy ci auprè,s le dessein conformement votre demande.
Dites moi, s’il vous plait, mon prince, votre loisir en quel tat qu’il se trouve la musique la cour et dans la capitale de votre rsidence? On m’a beaucoup lou une certaine chanteuse, nomme Celestine qui se doit trouver Londres. Je suis curieux de savoir en quelle estime et rputation qu’elle y est tant par rapport ses forces daus la musique, qu’ cel les la mthode de sa voix et si elle y est actuellement engage ou point. Faites moi le plaisir, mon prince, je vous prie de m’informer sur ces points votre commodit, mais ayez en mme temps la bont d’excuser ma libert et de disposer en revange librement de celui qui a l’honneur d’tre avec un attachement sincè,re et toute l’estime inimaginable.
III. Отъ Левенвольда, 22 марта 1735 г.
Il y a longtemps que j’aurais eu l’honneur de vous donner de mes nouvelles, si la rponse que j’attendais d’Italie au sujet de Monsieur Arage fut venue plustt, elle m’est parvenue la fin la poste derniè,re, mais malheureusement pas telle que je la souhaitais, il n’y a pas eu moyen absolument de se deffaire honnestemcnt de ce monsieur, comme son contract tait sign il a cru que sa rputation en souffrirait s’il se relchaitsur la parrolle qu’on luy avait donne et la chose est sans remè,de, j’en ay un vritable chagrin parceque cela m’oblige ne pouvoir plus penser prsentement monsieur Parporo, je vous prie mou cher prince de luy faire savoir d’une maniè,re gracieuse et honneste et en luy faisant mes compliments de l’assurer que je ne l’oubliera y point dè,s que j’en auray l’occasion favorable, vous savez bien mon cher prince que je vous ay marqu son sujet dans ma derniè,re (lettre), j’espè,re que je seray plus heureux avec monsieur Amigoni et que je recevray dans peu de vos nouvelles son sujet, je me flatte qu’elles seront favorables par la raison que c’est vous Monsieur qui mnagez cette affaire, indpendamment de cela persuad je vous prie etc….
IV. Отъ Христіана Гросса, изъ Петербурга, іюля 16/27.
Votre Altesse m’a honor de ses ordres du 21 juin, suivant lesquels je me suis incessament inform la Chancelerie de l’Academie sur les effets de feu monsieur Ilinski. On m’a donn l une copie de la requete de son neuveu, par laquelle on voit que c’est lui qui s’approprie les dits effets. Je tacherai, de retirer les deux globes de ‘Votre Altesse et de les garder chez moi suivant l’intention de Votre Altesse. Je ne manquerai pas de rechercher chez lui aussi et d’acheter pour Votre Altesse la Bible russe et le dictionaire russe et latin, dont il lui a plu de faire mention. Cependant j’ai l’honneur de joindre ici la copie de la dite requete aussi bien que la lettre de Votre Altesse qu’elle m’a envoi dans ce temps l dans la Chancelerie de l’Academie, o l’on me la rendue apresent. Pour ce qui a t imprim dans la librairie de l’Academie depuis six mois je l’ai envoy Votre Altesse suivant ses ordres avec les estampes, qui doivent tre joint au 4-me tome de Centurice Buxbaumie.
J’ai donn le paquet un marchand d’ici nom Rothlingk qui me dira au plutt le nom du batelier qu’il chargera de la comission pour la porter Votre Altesse, j’aurai soin aussi de marquer Votre Altesse le prix des livres russes, qu’elle souhaite qu’on achet ici autant que je le pourrai apprendre, car il y en a quelques uns marqus dans la listre qu’on ne peut trouver pour aucun prix comme par exemple Табели военныя. Rien ne me sera plus de plaisir que d’tre honor des ordres de Votre Altesse que j’accomplirai toujours avec toute l’exactitude possible autant que ma faible sant me le permettra, reconnaissant parfaitement bien les obligations infinies que j’ai Votre Allesse pour tour toutes les grces qu’elle daigne de faire mon frè,re…. (Приложенъ листъ посланныхъ книгъ: Уложеніе, deux tomes von Gamlung zur Ruffichen Historie, les estampes pour les IV tomes de Centurice Buxbaumie).
V. Отъ Гросса, 6-го мая 1734 г.
Madame la comtesse Matuef m’a envoy cette lettre, tant en peine par raport son fils, dont elle n’a reu aucune lettre depuis deux mois. Peut tre que Votre Altesse aura la bont de la consoler et de lui procurer de nouvelles dsires. Pour moi je souhaite de tout mon coeur, que Votre Altesse jouisse toujours d’une sant parfaite et me garde tant soit peu de part dans son cher souvenir. On a clbr la cour d’ici la semaine passe l’aniversaire du couronement de Sa Majest et le jeune comte Biron fils cadet de son E-ce le grand Chambellan a eu l’honneur de chanter pendant que Sa Majest dinait en public, l’aire que j’ai l’honneur de vous envoyer ici. Il s’en acquittait avec tant de bonne grce, qu’il mritt beaucoup d’approbation…. Notre Academie a fait traduire et imprimer un livre contenant l’histoire de Japon. C’est le premier livre russe que nous avons de cette faon. La carte gnrale de Russie que M-r Ivan Kiriloff a fait graver est acheve. Elle a t prsente Sa Majest l’Imperatrice la semaine passe. On n’en peut pas encore avoir de telles cartes illumines autrement, je vous enverai un exemplaire avec S. E. M-rd Farbes qui m’a honor de sa bienveillance et de son amiti pendant qu’il tait ici. Je tacherai pourtant de profiter d’une autre occasion pour vous renvoyer. Quoique pour dire la vrit je prfè,re la carte gnrale de Russie de M-r Strahlenberg beaucoup celle-ci, puisqu’elle est plus pleine. Cependant quand celle de M-r de l’Isle sera acheve, elle sera sans doute parfaite que toutes les deux.
1736 г. Авг. 10, изъ Петербурга. О прибавк жалованья хотя тысячу рублей чаялъ-было, однакоже воспрепятствовало тому дло брата вашего съ мачихою вашею, по которому вы вс обвинены и на вашу персону положено иску 21 тысяча слишкомъ кром того, что впредь прибавится, да съ того иску пошлины, однакоже во извстіе вамъ данному, что мачиха съ вашей персоны и съ князя Сергя ничего брать не намрена, а говоритъ, что ежели-де онъ отпишетъ ко мн, да пришлетъ какую галантерею, то на томъ-де у насъ и сдлка будетъ и крпость какую-де хочетъ дамъ. Того ради не соизволите-ли отписать къ ней въ почтительныхъ и благопріятныхъ терминахъ и притомъ прислать ей изъ галантереи какую нибудь, ефимковъ десятка 2 или 3, а паче такую, какая къ уборамъ женщины прилична или шитыхъ или тканыхъ, что только-бъ курьозно и новомодно было. Дай Боже, чтобъ сія тягость съ васъ благополучно сошла, а о снятіи пошлины въ покорныхъ терминахъ изволите черезъ письмо просить оберъ-камергера притомъ напомяиуть прошеніемъ о прибавк жалованья. Сія прошу изодрать.
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Приложенная похвальная пснь трудами вашего сіятельства сочиненная, о ученыхъ людяхъ, заслуживаетъ себ полную похвалу, мн только видится два слова перемнить надлежитъ, что я и учиню, сыскавъ къ тому надежнаго человка …. а какъ переправлю пришлю къ вашему сіятельству, почему сами изволите уразумть, для чего перемнено. (Имя не разобрано).
18 іюня 1736 г. нын работаю по домамъ, а наипаче тридневною по вся недли и по утру и по полудни въ Академіи броднею весьма отягощены: работа состоитъ въ переводахъ розданныхъ намъ россійскихъ старинныхъ лтописцевъ на латинской языкъ, а бродня въ уставленныхъ конференціяхъ, гд всякъ свой русской переводъ читаетъ, а прочіе вс обще для лучшей чистоты разсуждать и исправлять должны, и потому малйшее насъ число собраніемъ нарчено . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Въ доплату за собакъ денегъ его свтлость князь Константинъ Дмитріевичи не отрицается, только я не смю докучать, понеже великое и безпокойное принужденіе отъ полиціи происходитъ о достройк каменнаго двора, чтобъ и по задней линіи двойны аппартаменты построены были и внутри двора чтобы ничего деревяннаго не было.
Требуемыя свтлостью вашею книги я отъ г. Шумахера на щотъ получилъ и для отсылки вручилъ здшнему купцу ВульФсу, онъ общался на первомъ корабл отправить къ кореспонденту своему г. Голдену. Въ зачетъ оныхъ книгъ отдалъ я г-ну Шумахеру 13 портретовъ по 60 к., также и 25 шеленговъ за математическіе инструменты общалъ онъ въ щотъ принять. Атласъ Ивана Кирилова, который нын на Уф въ ранг бригадира, еще долго… сказывалъ мн Шумахеръ, свта не увидитъ. Г. Хрипуновъ сказалъ, что книга его умерла, попавши въ нкоторыя руки а въ чьи того не объявилъ. О двухъ свтлости вашей книгахъ Исторіи Россійской, его свтлость кн. Константинъ Дмитріевичи сказалъ, что оставлены въ Москв и съ прочими вещами въ сундукахъ запечатаны, которыя безъ ихъ прибытія камерашу вынуть не можно . . . . . . . . . . . . .
VIII. Два письма Вольтера.
Оба приводимыя нами письма напечатаны въ ‘Bulletin du bibliophile et du bibliothcaire 1860’, съ слдующимъ поясненіемъ:
Grce des rcentes dcouvertes,la correspondance de Voltaire, qu’on peut considrer comme le monument le plus curieux de l’esprit fran-ois au dix-huitiè,me siè,cle, a reu, dans ces derniè,res annes, de prcieuses additions. Nous y apportons aujourd’hui un modeste contingent de deux nouvelles lettres, et les lecteurs du Bulletin nous sauront gr de leur offrir la primeur de cette friandise littraire. Ces deux lettres, dont nous garantissons l’authenticit {Nous les avons copies sur les originales qui appartiennent la Bibliothè,que impriale de Saint-Ptersbourg.}, ont un intrt qui semble s’accrotre de cette cirsonstance qu’tant toutes deux adresses au mme personnage, le prince Antiochus Cantemir, et crites des intervalles assez rapprochs, elles se complè,tent Tune par l’autre, elles sont d’une grande clart, comme tout ce qui mane de la plume du clè,bre crivain, mais les cent vingt annes qui nous sparent de leur date, ont pu amener l’oubli de quelques-uns des faits qui y sont tou chs, et l’obscurcissement de certaines allusions: aussi avons-nous pens qu’il ne seroit pas hors de propos de les faire prcder d’une courte explication. Dans son Histoire de Charles XII, dont la premiè,re dition parut en 1731, Voltaire apprcie en ces termes la dfection du prince Dmtrius Cantemir qui, pendant la guerre de 1710, abandonna la parti du sultan pour celui du czar: ‘Un Grec nomm Cantemir, fait prince de Moldavie par les Turcs, se jeta dans le parti du czar qu’il regardoit dj comme un conqurant, et ne fit point de difficult, de trahir le sultan dont il tenoit sa principaut, en faveur d’un chrtien dont il esproit de plus grands avantages. Le czar ayant donc fait un trait secret avec ce prince et l’ayant reu dans son arme, s’avana dans ce pays et arriva, au mois de juin 1711, sur le bord septentrional du fleuve Hrase, aujourd’hui le Pruth, prè,s d’Yassi, capitale de la Moldavie’ {Histoire de Charles XII, t. II, p. 71, 1-re dition. Ble, 1731.}.
Le prince Dmtrius toit mort dè,s 1723, mais son fils Antiochus Cantemir se trouvant Paris en 1739, en qualit d’ambassadeur de Bussie, y vit Voltaire et rclama contre le passage que nous venons de citer, insistans surtout, ce qu’il semble, sur l’erreur o etoit tomb l’crivain franois, en attribuant sa famille une origine grecque, tandis qu’elle descendoit des princes tartares. Voltaire, qui alors prparoit un nouvelle dition de l’Histoire de Charles XII, promit de faire droit aux justes rclamations du prince, il mit mme sous ses yeux la copie d’un nouveau passage rectifi, l’assurant qu’il ne lVnverroit son imprimeur en Hollande qu’avec sa permission, quoi qu’il en soit, ces changements, approuvs selon toute vraisemblance par le prince, 11e furent pas insrs dans la nouvelle dition, on verra dans la seconde lettre comment Voltaire s’en excusa. Le prince Cantemir renouvella sans nul doute ses plaintes, sans doute aussi Voltaire prit de nouveaux engagements pour une prochaine dition, mais la mort du jeune prince, arrive prmaturment Paris en 1744, {Le prince Antiochus Cantemir n’avoit alors que trente-quatre ans.} mit fin des rclamations qui ne dvoient jamais tre satisfaites d’un ct, et d’autre part des promesses dont nous croyons avoir lieu de suspecter la sincrit. Cependant Voltaire substitua plus tard au passage qui avait si lgitimiment offusqu le prince Antiochus Cantemir une rdaction nouvelle et dfinitive, dans laquelle il est vrai qu’il tint compte, dans une certaine mesure, des observations de celui-ci, mais la forme en est telle que peut-tre Voltaire n’et pas os la publier de son vivant. A dfaut les modifications primitivement projetes, qui ne virent jamais le jour et que connut seul, sans doute, le prince Cantemir, nous croyons qu’il ne sera pas sans intrt de reproduire la nouvelle version et de la rapprocher de ces deux lettres avec lesquelles elle contraste d’une faon si piquante par le ton et par la forme.
‘La Moldavie toit alors gouverne par le prince Cantemir, Grec d’origine, qui runissoit les talents de anciens Grecs, la science des lettres et celle des armes. On le faisoit descendre du fameux Timur, connu sous le nom de Tamerlan. Cette origine paraissoit plus belle qu’une grecque, on prouvoit cette descendance par le nom de ce conqurant. Timur, dit-on, ressemble Tmir, le titre de kan, que possdoit Timur avant de conqurir l’Asie, se retrouve dans le nom de Cantemir: ainsi le prince Cantemir est descendant de Tamerlan. Voil le fondement de la plupart des gnalogies. De quelqu lunaison que ft Cantemir, il devoit toute la fortune la Porte ottomane. A peine avoit-il reu l’investiture de la principaut qu’il trahit l’empereur turc, son bienfaiteur, pour le czar dont il esproit davantage. Il se flattoit que le vainqueur de Charles XII triompher oit aisment d’un vizir peu estim, qui n’avoit jamais fait la guerre et qui avoit choisi pour son lieutenant l’intendant des douanes de Turquie. Il comp’toit que tous les Grecs se rangeroient de son parti, les patriarches grecs l’encouragè,rent cette dfection. Le czar ayant donc fait un trait secret avec ce prince, etc., etc.’ {Voy. l’dilion de 1751 et toutes celles qui l’ont suivie.}. J. E. G.
Monseigneur, — J’ai Votre Altesse bien des obligations. Elle daigne me faire connotre plus d’une vrit dont j’tois assez mal inform, et elle m’instruit d’une maniè,re pleine de bont qui vaut bien autant que la vrit mme. Je lis actuellement l’histoire ottomane de feu M. le prince Cantemir votre pè,re, que j’auray l’honneur de vous renvoyer incessament et dont je ne puis trop remercier Votre Altesse {Dans une lettre adresse M. de La Noue et date de Cirey, le 3 avril 1739, Voltaire dit: ‘L’Histoire de Charles XII m’a mis dans la ‘ncessit de lire quelques ouvrages historiques consernant le Turcs. J’ai ‘lu entre autres, depuis peu, l’Histoire ottomane du prince Cantemir, etc.’ (Corresp. gnrale, t. LXIII de l’dition Beuchot).}. Vous me pardonnerez, s’il vous plat, d’avoir t tromp sur Votre origigine. La multiplicit des talents de monsieur le prince votre pè,re, et des vtres, m’avoit fait penser que vous deviez descendre des anciens Grecs, et je vous aurois souponn de la race de Priclè,s plutt que de celle de Tamerlan. Quoi qu’il en soit, ayant toujours fait profession de rendre hommage au mrite personnel plus qu’ la naissance, je prends la libert de vous envoyer la copie de ce que j’insè,re sur votre illustre pè,re dans mon histoire de Charles douze qu’on rimprime actuellement, et je ne l’enverrai en Hollande que quand j’auray appris d’un de vos secrtaires que-vous m’en donnez la permission.
Je trouve dans l’Histoire ottomane crite par le prince Dmtrius Cantemir {Histoire de Vagrandissement et de la dcadence de Vempire ottoman. L’original latin est demeur manuscrit, il fut traduit pour la premiè,re fois en anglois par Nic. Tindal (Londres, 1734, 2 vol. in — loi.). De Jonquires l’a traduit en franois sur la version angloise (Paris, 1743 in — fol.), et deux ans plus tard, Schmidt l’a traduit en allemand (Hambourg, 1745, in — 4). C’est donc la traduction angloise que Voltaire avoit entre les mains en 1739, a moins que le prince Antiochus Cantemir ne lui et confi le manuscrit original latin, ce que nous serions tent de croire l’empressement avec lequel Voltaire achè,ve sa lecture, au soin qu’il prend de le retourner exactement son propritaire, et aux prcautions dont il use pour que le prcieux volume ne s’gare pas (Voy. la 2-e lettre) — On trouve dans la prface place en tte de l’Histoire de Charles XII, dition de 1751, un passage o il est question de l’Histoire ottomane du prince Cantemir: (‘Consultez’, y est-il dit, ‘les vritables annales turques recueilliespar le prince Cantemir, vous verrez combien ces mensonges sont ridicu— les.’ Ce passage, omis dans toutes les ditions suivantes, a t retablfe pans l’dition Beuchot.}, ce que je vois avec douleur dans toutes les histoires: elles sont les annales des crimes du genre humain, je vous avoue surtout que le gouvernement turc me parot absurde et affreux. Je flicite votre maison d’avoir quitt ces barbares en faveur de Pierre le Grand qui cherchoit au moins extirper la barbarie, et j’espè,re que ceux de votre sang qui sont en Moscovie serviront y faire fleurir les arts que toute votre maison semble cultiver, vous n’avez pas peu contribu sans doute introduire la politesse qui s’tablit chez, ces peuples, et vous leur avez fait plus de bien que vous n’en avez reu. Ne seroit-ce pas trop abuser de vos bonts, Monseigneur, que d’oser prendre la libert de vous faire quelques questions sur ce vaste empire qui joue actuellement un si beau rle dans l’Europe et dont voi>: augmentez la glaire parmi nous?
On me mande que la Russie est trente fois moins peuple qu’elle ne l’toit il y a sept ou huit cents ans. On m’crit qu’il n’y a qu’environ cinq cent mille gentilshommes, dix millions d’hommes payant la taille, en comptant les femmes et les enfants, environ cent cinquante mille ecclsiastiques, et c’est en ce dernier point que la Russie diffè,re de bien d’autres pays de l’Europe, o il y a plus de prtres que de nobles: on m’assure que les cosaques de l’Ukraine, du Don, etc., ne montent avec leurs familles qu’ huit cent mille mes, et qu’enfin il n’y a pas plus de quatorze millions d’habitants dans ces vastes pays soumis l’autocratrice {L’impratrice Anna Ivanowna.}, cette dpopulation me parot trange, car enfin je ne vois pas que les Russes aient t plus dtruits par la guerre que les Franois, les Allemands, les Anglois, et je vois que la France seule a environ dix-neux millions d’habitants. Cette disproportion est tonnante. Un mdecin m’a crit que cette disette de l’espè,ce hnmaine devoit tre attribue la vrole qui y fait plus de ravages qu’ailleurs, et que le scorbut rend incurable. En ce cas, les habitants de la terre sont bien malheureux. Faut-il que la Russie soit dpeuple parce qu’un Gnois s’avisa de dcouvrir l’Amrique il y a deux cents ans.
J’entends dire d’ailleurs que toutes les grandes ides du czar Pierre sont suivies par le prsent gouvernement, comme parmi ses projets celui de montrer de la bont aux trangers toit un des principaux, je me flatte, Monseigneur, que vous l’imiterez et que vous pardonnerez toutes ces questions qu’un tranger ose vous adresser. Il y a peu de princes auxquels on demande de pareilles grces, et vous tes du trè,s-petit nombre de ceux qui peuvent instruire les autres hommes.
Je suis avec un profond respect, Monseigneur, de Votre Altesse, le trè,s-humble et trs-obissant serviteur, Voltaire.
A Cirey en Champagne, ce 13 mars 1739.
A Cirey, ce 19 avril 1739.
Monseigneur, — J’apprends avec chagrin que l’dition des Ledet est dj faite. Je leur ordonne de faire un carton consernant ce qui regarde votre illustre pè,re, mais les ordres des auteurs ne sont pas plus excuts par les libraires que ceux du divan ne le sont par les arabes voleurs. J’ai crit et je vais crire encore, mais je ne rponds pas de l’autorit de mon divan. J’ai l’honneur de renvoyer Votre Altesse l’Histoire ottomane quelle a bien voulu me prter et c’est avec regret que je la rends. J’y ai appris beaucoup de choses. J’en apprendrois encore davantage dans votre conversation, car je sais que vous tes doctus sermonis eujuscumque linguae et cujuscumque artis.
Je renvoie l’Histoire ottomane par le carrosse public de Bar-sur-Aube qui part mercredi prochain 22 du mois, le paquet est votre adresse votre htel, et les registres du bureau public en sont chargs Bar-sur-Aube, si on ne le porte pas chez vous, Monseigneur, vous pouvez envoyer vos ordres au bureau de Paris. J’ai plus d’une raison de me plaindre de la prcipitation de mes libraires, ils s’empressent de servir des fruits qui ne sont pas mrs, mais de quelque mauvais got qu’ils soient, j’auray l’honneur, Monseigneur, de vous prsenter dè,s que je pourrai en avoir. Je sais que vous faites (natre?) sous vos mains les fruits et les fleurs de tous les climats, les langues modernes et les anciennes, la philosophie et la posie vous sont galement familiè,res, votre esprit est comme l’emprire de votre autocratrice qui s’tend sur des climats opposs, et qui tient la moiti d’un cercle de notre globe.. Parmi les Franois qui connoissent votre mrite, il n’y en a point, Monseigneur, qui soit avec plus de respect que je suis. Votre trè,s-humble et trè,s-obissant serviteur, Voltaire.
IX. Отъ B. K Тредіаковскаго 1).
Monseigneur!—Quoique j’importune Votre Altesse par celleci, toute fois j’ai aim mieux tre importun de la sorte qu’tre ingrat son gard. En vrit, Monseigneur, j’ai prtendu seulement par ma prmiè,re de n’tre point effac du souvenir de Votre Altesse, mais j’tois bien loign d’aspirer aucunement l’honneur de rcvoir sa gracieuse lettre, sachant bien qu’ elle a beaucoup d’occupations plus srieuses sans prendre garde me repondre. Et comme il lui a pourtant pl de s’abaisser jusqu’ moi, j’ose l’assurer de mon ct, que je lui suis rdvable sans reserve. Heureux si elle me trouvoit utile quelque chose pour son service dans ce pays-ci, afin de lui pouvoir dmontrer plutt par des effets, que par des paroles, les sentimens les plus empresss et les plus respectueux, avec lesquels le suis et dois tre, plus que personne, Monseigneur ! De Votre Altesse, le trè,s-humble, trè,s-obissant serviteur B. Trediahoffshi.
St. Ptersbourg. Le 16/27 de May 1743.
P. S. Qu’il plaise V. Altesse ordonner de remettre cijointe au Sr. Vitynski Etudiant. J’y ai mis exprè,s le cachet volant, afin qu’Elle puisse voir ce que je lui cris pour le rappeler dans son Ukraine.
1) Письмо это напечатано въ ‘Отеч. Запискахъ’ Свиньина (1822, ХІІІ, No 34, стр. 301—304). Кантемиръ, получивъ въ Париж, въ конц 1742 г., книгу Тредіаковскаго ‘Новый и краткій способъ къ сложенію Россійскихъ стиховъ’ и пр. прислалъ въ начал 1743 г. кн. Н. Ю. Трубецкому свое ‘Письмо Харитона Макентина’ (см. въ начал этого тома, стр. 1—20), въ которомъ съ похвалой отозвался о труд Тредіаковскаго.
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