Семь стихотворений Пушкина, Барятинский Владимир Владимирович, Год: 1899

Время на прочтение: 4 минут(ы)

КН. В. В. БАРЯТИНСКІЙ.

СЕМЬ СТИХОТВОРЕНІЙ А. С. ПУШКИНА
(въ перевод на французскій языкъ).

1.
LE PRISONNIER
(‘Узникъ’).

Derri&egrave,re la grille en mon humide prison
Je regarde un jeune aigle, et ce seul compagnon
De triste solitude, en battant de son aile,
Dchire sa proie et du bec l’cart&egrave,le,
La dvore et la jette, et regarde vers moi.
Il parat me comprendre et sentir mon moi:
И m’appelle des yeux, de son cri lamentable,
Comme s’il voulait dire: ‘allons! fr&egrave,re implacable!
‘Libres oiseaux tous deux, il nous faudrait partir
‘L-bas, o l’on voit les cimes des monts blanchir,
‘L-bas, o l’ocan agite sa surface,
‘L-bas, o seuls le vent et moi fendons l’espace!’

2.
L’АNGE.
(‘Ангелъ’).

Aux portes de l’Eden un Ange
Le front inclin se tenait,
Le Dmon, ce rebel trange,
Audessus de l’enfer planait.
L’esprit du mal, l’esprit du doute
Fixait sur l’ange son regard:
Il regrettait la chaste route
Du paradis, hlas! trop tard…
Il dit: ‘pardonne! ton image
‘N’blouit pas mes yeux en vain!
‘Je n’ai pas tout sur mon passage
‘Couvert de haine et de ddain…’

3.
LES TROIS SOURCES
(‘Три ключа’).

Dans le dsert humain, o rien ne nous console.
Trois sources ont jailli mystrieusement:
L’une est le frais ruisseau de la jeunesse folle.
Qui court rapide et vif en son garement:
La seconde source est la source salutaire,
Qui nous donne le rve et qui nous Tembellit:
Mais la source o le mieux le coeur se desalt&egrave,re
C:est la source glacce o nous puisons l’oubli!

4.
А UN POTE, sonnet
(‘Поэту’, сонетъ).

Ne cherche pas l’amour des foules, Po&egrave,te!
De leurs ovations se calmera le bruit!
Un sot te jugera et tu seras rduit
А rester seul muet gardant ta foi secr&egrave,te.
Tu es un roil vis seul! que rien ne t’inqui&egrave,te!
Vas oi ton libre esprit t’entrane et te conduit.
Laisse mrir encor de tes rves le fruit
N’attends aucun hommage ton oeuvre discr&egrave,te.
Ta rcompense est grande: elle git dans ton coeur,
Tu es ton propre juge, estime ta labeur…
En es tu content? la crois tu digne de blme?
Si tu es satisfaitlaisse le genre humain
Cracher sur ton autel oii brle cette Hamme
Et secouer, enfant! ton trpied de sa main…

5.
ELEGIE
(Элегія).

Des jours passes la joie, hlas! dfaite
М’est lourde comme un lendemain de fte.
Mais comme un vin — le chagrin d’autrefois —
Plus il est vieux, plus il p&egrave,se sur moi.
Triste chemin, o l’avenir rserve
Rien que du fiel et du travail saus verve!
Mais nanmoins je ne veux pas mourir!
Vivre — je veux pour rver et souffrir:
Je sais parmi mes heures de tristesse
J’aurai peut tre un instant d’allgresse,
Et me grisant aux sons de l’harmonie
Je pleurerai devant la fantaisie,
Peut tre mme а mon triste dclin
L’amour viendra briller sur mon chemin!

6.
UN FRAGMENT D’ANDRE CHENIER
(Отрывокъ изъ ‘Андре Шенье’).

Salut toi, astre divin, superbe!
Salut toi que j’adorai!
Flambeau sublime, tincellantc gerbe,
Tu clairas le beau, le vrai!
J’ai salu ta foudre et ton tonnerre,
Lorsque grondant sur un ciel noir
Il clata pour renverser sur terre
Le joug honteux, l’ancien pouvoir.
De tes enfants j’ai vu le grand courage,
J’ai entendu leur beau serment,
De ton histoire, heureux, j’ai lu la page…
Je t’adorai comme un amant.
J’ai vu comme un torrent irrsistible
А tout bris sur son chemin,
Comme un tribun d’un mot ardent, terrible
Nous а prdit le lendemain.
Le trne ancien se rcouvrait de gloire
Bravant tout prjug ancien,
Le peuple heureux se remettait croire
А la justice, aux lois, au bien.
Affreuse erreur! Erreur irrparable!
Fraternit, galit —
Chteaux de rve levs sur du sable!
Ou t’а vendue, libert!
Ayant banni le roi, la souveraine.
C’est le bourreau, c’est l’assassin
Qui vers la mort eu nous narguant nous m&egrave,ne
Voilant un tnbreux dessein.
Honte et malheur!.. Mais toi, desse pure!
Toi, libert! je te bnis!
Car tu n’es pas coupable de l’injure
Du meurtre infme et du mpris!
Tu nous cachas ta noble et douce face,
Couverte d’un voile de sang…
Mais tu viendras reprendre encor ta place,
Nous reverrons ton regard franc.
Le peuple, ayant goutt de ton breuvage,
Veut s’en dsaltrer encor
Tu montreras ton calme et beau visage
Dans un riant et pur dcor.
L’galit que nous croyons un rve
Cessera de l’tre un beau jour,
La guerre teinte, une ternelle trve
Rapportera la paix, l’amour…

7.
UN FRAGMENT D’-EUGNE ONEGUINE
(Отрывокъ изъ ‘Евгенія Онгина’).

… Elle dit d’une douce voix:
‘Assez. Relevez-vous. Je dois
‘Vous dire tout avec franchise.
‘Souvenez vous du temps lointain,
‘De notre rencontre au jardin,
‘De la leon fort bien comprise,
‘Que vous donniez mon amour…
‘Mais maintenant — а moi le tour.
‘Onguine, autrefois plus belle
‘Et, certes, plus jeune j’tais!
‘Etais-je votre amour rebelle?
‘Quelle rponse m’attendait,
‘Et qu’ai-je trouv dans votre me?
‘De la froideur! Ma douce flamme
‘Ne disait rien votre coeur.
Meme aujourd’hui je sens la peur
Glacer mon sang!..— Je me rappelle
De ce regard dur et hautain,
‘De ce sermon si grave… Enfin!
‘Votre action me parut belle…
‘Peut tre tiez vous dans le vrai:
‘Vous accuser je ne saurais.
‘Alors, si loin de toute chose,
‘Je vous avais dplu l-bas,
‘Mais maintenant pour quelle cause
‘Me poursuivez vous pas pas,
‘Partout, toujours, chaque seconde?
‘Est ce parceque dans le monde
‘On me reoit et que je suis
‘Honore et riche aujourd’hui?
‘Que mon mari pour за blessure,
‘Gagne un combat un jour
‘Est estim mme la Cour?
‘Ou parceque ma fltrissure
‘Vous donnerait le grand honneur
‘D’tre nomm mon sducteur?
‘Je pleure et si votre mmoire
‘Chrit encor Votre Tagna,
‘Sachez — et vous devez me croire —
‘А votre amour qui m’indigna,
‘А vos serments et vos larmes,
‘Je prf&egrave,re les cruels charmes
‘De vos discours moqueurs et froids,
‘Car pour mes rves d’autrefois
‘Vous aviez trouv dans votre me
‘Alors au moins de la piti…
‘Mais quoi maintenant mes pieds
‘Vous fait tomber! Ah, c’est infme!
‘Comment un sentiment si vil
‘Peut natre dans un coeur subtil!’
‘Pour moi, Eug&egrave,ne, ma richesse,
‘Ma vie avec son faux clat,
‘Le monde avec за petitesse —
‘Ah! que m’importe tout cela!
‘J’aurais donn mme avec joie
‘Tous ces haillons, brods de soie
‘Cette fume et ce bruit vain —
‘Pour mes livres, mon vieux jardin,
‘Pour notre modeste demeure,
‘O pour la premi&egrave,re fois
‘Je me grisai de votre voix,
‘Et pour la tombe, o а cette heure
‘Dort l’ombre d’un arbrisseau
‘Celle qui me vit au berceau.
‘Et le bonheur tait si proche
‘Et si possible! mais mon sort
‘S’est dcid! Je me reproche
‘De l’avoir fait… peut tre а tort!
‘Ma m&egrave,re en pleurs priait sa fille…
‘J’ai consenti pour ma famille,
‘Car tout m’tait indiffrent.
‘Je suis marie et je prends
‘Votre parole… je supplie
‘De me laisser, car votre coeur
‘Est celui d’un homme d’honneur.
‘Ah! laissez moi! je me dfie…
‘Je vous aime… mais mon amour
‘Est а un autre pour toujours’.

Пушкинскій сборникъ. (Въ память столтія дня рожденія поэта) С.-Петербургъ, 1899

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